Annonces sur la réouverture des écoles et des établissements : pour l’instant, pour SUD éducation c’est non !

Le 21 avril, le ministre Blanquer est venu défendre devant la commission des Affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale la décision du gouvernement de rouvrir les écoles et les établissements à partir du 11 mai. Le déconfinement est « en marche » à l’école mais c’est la cacophonie qui domine au sommet de l’état.

Blanquer a annoncé d’abord qu’il y aurait une pré-rentrée le 11 mai pour les personnels, suivie dans la semaine d’une rentrée pour les élèves de grande section, de CP, de CM2, ainsi que les CE1 en Rep+, et dans les écoles rurales à faible effectif. Dès le 18 mai, le ministre annonce la rentrée des élèves de classe de 6ème, 3ème, 1ère et terminale en série générale et technologique, ainsi que les élèves de lycée professionnel dans les filières industrielles. Dès le 25 mai, Blanquer envisage un retour en classe pour tous les élèves, c’est-à-dire pour 12 393 400 élèves soit 18,5 % de la population française.

Puis, la communauté scolaire vient d’apprendre, par des annonces élyséennes, que le retour en classe se fera « sur la base du volontariat des familles » ! Enfin, quid du temps de travail des enseignants qui vont devoir gérer une partie de la classe en présentiel, et l’autre qui restera confinée ?

Toutes ces annonces laissent le goût amer d’une grande désorganisation de l’école, dans une période où elle devrait plutôt être concentrée sur le fait de rassurer des enfants déjà traumatisés.

Le ministre n’apporte aucune garantie en matière de sécurité et de prise en charge des élèves : l’annonce des cours en demi-effectif indique qu’à l’échelle de certaines écoles, dans les collèges ou dans les lycées, plusieurs centaines d’élèves et de personnels pourraient se côtoyer sans respect des distances recommandées.

Le ministre n’apporte aucune information sur le matériel (masques, savon, gel hydroalcoolique) à disposition des personnels et des élèves ni rien non plus sur les tests. Il est manifeste que ces matériels ne seront pas disponibles en quantités suffisantes pour cette période. Il est incapable de donner des règles claires concernant le transport scolaire, l’internat, les élèves en situation de handicap, l’exiguïté des locaux, et la restauration scolaire.

Le ministre n’apporte aucune précision sur la charge de travail des personnels enseignants, en annonçant que le travail à distance sera conjugué au travail dans les établissements scolaires.

Une nouvelle fois, le ministre a révélé l’amateurisme du gouvernement et renvoie une image déplorable de l’Education nationale. Pour SUD éducation, soit les moyens de protection sont là, et tous les élèves retournent en classe, soit les moyens ne sont pas à la hauteur, le risque de contamination persiste et le confinement continue. L’argument prédominant pour cette reprise des cours en classe était le fait que ce sont les élèves décrocheurs qui pâtiraient le plus du confinement. Il est honteux que le ministre, pour justifier un retour improvisé et sans garantie sanitaire, feigne de se soucier maintenant des inégalités que les gouvernements successifs ont aggravé en instrumentalisant les élèves décrocheurs et en difficulté. D’autant plus que si le retour se fait sur la base du volontariat ce sont précisément eux qui reviendront le moins.

Est-ce qu’en laissant le choix aux familles on pense sérieusement que ce sont les élèves en rupture scolaire qui vont se présenter prioritairement à l’école ? La réouverture précipitée des écoles n’a de fait pour objet que de servir les profits des capitalistes en renvoyant leurs parents au travail : le gouvernement portera l’entière responsabilité de la mise en danger des personnels et des familles.

Pour SUD éducation, l’urgence est d’abord sanitaire : le gouvernement et le ministre n’apportent pour l’instant aucune garantie pour la santé et la sécurité des personnels.

À défaut des garanties indispensables, SUD éducation appellera les personnels
à ne pas se rendre dans leur école ou établissement le 11 mai dans le cadre de leur droit de retrait ou de leur droit de grève.